Une nouvelle ère pour la politique française

La fragmentation politique est arrivée en France. Les élections législatives de 2022, marquées par le taux d’abstention chroniquement élevé qui caractérise désormais le système, ont vu l’émergence de deux blocs extrémistes, frustrant les espoirs d’Emmanuel Macron d’une majorité absolue.

Les oppositions

Après avoir été très près d’atteindre le second tour de l’élection présidentielle, Mélenchon a formé une alliance électorale avec les communistes, les socialistes et les verts, avec son propre parti, La France Insoumise, comme pièce maîtresse. Ayant remporté 131 sièges, cette alliance est en effet la deuxième force du Palais Bourbon. De nombreux poids lourds de gauche se sont félicités de ce résultat, et en effet, les positions politiques regroupant la coalition NUPES ont trouvé un écho auprès de certains électeurs français, ainsi que le ton anti-Macron indubitable de leur campagne.

Cependant, le résultat apparemment positif du NUPES est confronté au résultat étonnamment fort du Rassemblement national d’extrême droite de Marine Le Pen, qui a remporté 89 sièges. Au lieu de 8 sièges en 2017, cela représente un changement fondamental de paradigme. L’extrême droite, que des générations d’hommes politiques et d’électeurs de gauche et de droite se sont efforcés d’écarter du pouvoir, est aujourd’hui un acteur politique majeur en France. Concrètement, le RN est désormais un véritable groupe parlementaire, avec la possibilité de demander au Conseil constitutionnel d’examiner de manière beaucoup plus approfondie les projets de loi avant leur promulgation par le Président.

Quel avenir?

Les semaines et les mois à venir sont un véritable test pour le système politique français. Le système français a toujours accordé au président beaucoup plus de pouvoir que les autres chefs de l’exécutif n’en ont joui dans d’autres démocraties occidentales, selon la vision de de Gaulle. Pour la première fois, le président et son premier ministre ont le contrôle nominal du pays, tout en devant négocier pour faire avancer les choses. Reste à savoir si cela contribue à développer le débat public et un compromis sain, ou précipite l’instauration de la VIe République.