USA-Russie : l’éternel bras de fer

La récente décision de Washington et de Moscou de se retirer d’un traité sur les armes nucléaires, a en fin de compte rendu le monde un peu plus instable.

Trump et Poutine : l’histoire d’une rivalité

On se souvient encore de Able Archer. En novembre 1983, l’OTAN simula une confrontation avec l’Union soviétique. La mise en scène était tellement plausible que les Russes doutèrent qu’il s’agisse d’un exercice et lancèrent une contre-mobilisation. Heureusement, le pire a été évité cette fois-là. Able Archer était le nom de l’opération qui a presque transformé la guerre froide en un troisième conflit planétaire.

Bien que le risque ait plané pendant longtemps, l’Europe jouissait d’une certaine stabilité.

L’une des raisons étant le traité sur les armes nucléaires à portée intermédiaire (INF). Cet accord, signé par Washington et Moscou en 1987, interdisait les missiles d’une portée de 310 à 3 420 milles. La semaine dernière, Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l’INF, pointant du doigt les nombreuses violations russes. La réponse de Vladimir Poutine ne s’est pas fait attendre puisque le week-end dernier il a annoncé le retrait russe. Il a par ailleurs promis d’accélérer le développement des armes dont l’accord interdisait la production. À moins que l’apaisement ne fasse rapidement son retour entre les parties, on peut bel et bien dire « bye bye » au traité INF. Un monument mondial du triomphe de la rationalité diplomatique sur la paranoïa militariste est ainsi en train de tirer sa révérence.

30 ans après la chute du mur de Berlin et 28 ans après celle de la guerre froide, il semble que la course aux armements soit ouvertement lancée à nouveau. Les prochains gateaux anniversaire risquent donc d’avoir un goût plutôt amer.

Quelle position pour le Royaume Uni

Étrangement, la réaction britannique est plus ou moins passée inaperçue. Et pour cause, c’est le Brexit qui occupe le débat politique en ce moment. Mais les deux problèmes restent toutefois liés. Ce tremblement de terre sous les fondements de la défense européenne aura secoué les aiguilles même sur les sismographes de Westminster. Il y a eu un débat autour de la question à la chambre des communes lundi dernier. Et bien que personne n’ait sérieusement contesté le fait que la Russie avait violé l’INF et on ne s’attendait pas non plus à ce que le Royaume-Uni puisse influencer la décision de Trump.

Un double aveu d’impuissance. Premièrement, il n’y a pas de stratégie pour empêcher Poutine de saboter le fondement institutionnel de la sécurité nationale britannique. Deuxièmement, aucun moyen d’impacter significativement les décisions américaines. Il était déjà assez difficile de gérer le comportement d’un Kremlin voyou doté de l’arme nucléaire, sans avoir à supporter le caprice fantasque de la Maison-Blanche.